« Le Bois d’Amour est un site remarquable de Pont-Aven (Finistère). C’est là qu’en 1888, Paul Gauguin donne une leçon de peinture à ses élèves au cours de laquelle Paul Sérusier brosse alors rapidement ses perceptions du lieu sous la dictée de Paul Gauguin : le Talisman, véritable tournant dans l’histoire de l’art qui a fédéré le mouvement Nabi et donné naissance à l’art moderne.
A titre personnel, c’est aussi un lieu magique que j’ai arpenté des milliers de fois dans ma jeunesse. Très longtemps j’ai eu l’envie de le peindre, très longtemps, je n’ai pas su le peindre, n’y voyant que des feuilles et de l’eau. Avec le temps et l’expérience, j’ai compris qu’il n’était nul besoin en peinture de le « représenter » mais juste d’en évoquer la magie, les sensations, ses parfums, sonorités et traduire en lignes, formes et couleurs tout l’imaginaire qu’il développait en moi.
Depuis, je ne cesse de le décliner à l’infini, ne gardant de ce lieu auquel seul le titre des peintures fait référence, toute sa capacité à générer la complétude des sentiments humains : l’amour bien sûr, mais aussi les états de l’âme d’un bois et d’une rivière qui jamais ne se rencontrent. Toujours, l’Aven coule et passe ; le Bois d’Amour plie, mais jamais ne l’atteint. Tous les bonheurs et les malheurs du monde peuvent s’exprimer en peinture au travers de ce lieu pourtant si simple. »